CALIFS, ROIS, ÉMIRS, GOUVERNEURS ET PRÉSIDENTS DE TUNISIE Depuis Elyssa au Président Ben Ali
3.000 années d'histoire dans une terre moderne
Berbères, Puniques, Romains, Byzantins, Arabes, Espagnols et autres mélange de civilisations ont façonné la personnalité Tunisienne (Tolérance et ouverture)
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Son Excellence Monsieur
le Président Zine El Abidine Ben Ali à Kairouan
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LES BÂTISSEURS DE CIVILISATION EN MEDITERRANEE
Peut-on ignorer l'histoire que la Tunisie avait vécu, de concert avec d'autres pays méditerranéens, comme l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la France, la Turquie et les îles. De nos jours encore, l'onomastique, les chants, la musique, les mythes et légendes, la cuisine, le costume, les faits et gestes et bien d'autres parfums et douceurs continuent d'en témoigner et ne cessent de nous émouvoir.
À l'époque romaine, faisant alors partie de l'Africa Romana, la Tunisie parlait la langue latine sans difficulté ni complexe. C'était alors sa langue ; elle l'a faite sienne. Né à Madaure, élève et maître à Carthage, Apulée, mi-nimide, mi-Gétule, possédait parfaitement et le grec et le latin ; il en était fier, sans oublier sa calebasse africaine, où Numides et Puniques se rencontrent pour faire un bouillon de culture et participer à la construction de la Méditerranée.
L'univers est reconnaissant à la Carthage paléochrétienne d'avoir donné Tertullien, Cyprien et Augustin, le tripode de la Chrétienté d'hier et d'aujourd'hui. Il faut s'en souvenir .
A Tertullien, le fougueux, nous devons une parole qui mérite une écriture en lettres d'or : Il est de droit humain et de droit naturel que chacun puisse adorer ce qu'il veut : la religion d'un individu ne nuit ni sert autrui. Il n'appartient point à une religion de contraindre une religion.
De même que certains pays méditerranéens partagent avec la Tunisie les bienfaits des civilisations punique et romaine, de même ils ont, ensemble, bâti des siècles d'arabité où le patrimoine commun n'exclut point les spécificités berbéro-africaines, hispaniques siciliennes, gréco-turques, etc.
Les pays de la Méditerranée ont des tranches d'histoires communes, couvrant des siècles qui s'étalent de la protohistoire jusqu'à l'époque contemporaine. L'épreuve coloniale doit être, elle aussi, prise en compte, sans haine, ni complexe. C'est l'histoire de notre Méditerranée ; nous nous devons de l'explorer pour une meilleure connaissance de nous-mêmes et de l'exploiter au profit de la coopération dans la paix et l'amitié.
Pr Mhamed Hassine FANTAR-Historien titulaire de la chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions (Extrait du discours prononcé à l'occasion de l'inauguration de la chaire, en novembre 2001)
Un riche passé
le nom de tunisie formé à partir de celui de la capitale est récent dans la géographie politique. C'était jadis le pays des Lebou pour les Egyptiens. Lebou dont les Grecs firent Libye. La Libye comprenait d'ailleurs toute la côte méditerranéenne, de Cyrène aux colonnes d'Hercule. Sur un point de cette côte, au fond d'un golfe. Les Phéniciens de Tyr fondèrent Qart Hadash (Carthage). Par la suite, le territoire de Carthage désigna le pays attenant à la cité et les régions soumises à l'Etat Carthaginois. Ces régions s'appelaient Africa, Zengitania, Byzacena.
Après la chute de Carthage, les Romains limitèrent la nouvelle province et la nommèrent Africa. Par un phénomène d'extension courant, cette appellation a fini par désigner le continent tout entier. Africa serait un adjectif latin dérivé d'Afer (Afri), nom des indigènes qui vivaient sur le territoire punique. La Province d'Afrique, gouvernée par un proconsul portant le nom de provincia Proconsularis. Sous les Byzantins, elle fit partie avec d'autres territoires de la préfecture d'Afrique.
Les Arabes appelèrent d'abord le pays conquis Maghreb (Occident) et Ifriqiya, traduction d'Africa, puis Amallat el Qairouân, c'est-à-dire Province de Kairouan, cette ville ayant supplanté Carthage. Le nom de Kairouan signifie camp militaire ; comme l'a dit le conquérant à ses soldats en 670 " Je veux fonder ici une ville dont nous ferons notre réduit et notre place d'armes (Quairouan) qui sera une gloire pour l'Islam jusqu'à la fin des temps". Au Moyen Age. Tunis, vieille cité Libyenne (Tounès, du berbère Ténésé, l'endroit où l'on fait halte pour la nuit), acquit peu à peu la prédominance, grâce à sa situation. Elle devint capitale de l'Ifrikiya après la conquète Almohade (1160) puis son nom se transmit au pays qui se nomma successivement royaume de Tunis, province de Tunis et enfin régence de Tunis, avant l'appellation actuelle.
Ces changements, cette superposition de toponymes attestent l'ancienneté et la diversité du peuplement, la succession de périodes historiques aux caractères bien individualisés. Assurément, la Tunisie est une terre de rencontre entre les peuples en fonction des dominations successives qu'elle a subies : fondation de Carthage en 814 avant J.-C, selon la tradition grecque, conquète romaine en 215 avant J-C. ; occupation par les Vandales en 440, par les Byzantins en 533, conquète arabe en 647 pour les temps anciens. Les époques récentes ont vu l'établissement des Turcs à partir de 1574, le relâchement de leur domination ; la mise en place du protectorat français en 1881, l'accession à l'indépendance en 1956.
Jean-François MARTIN (Histoire de la Tunisie comptemporaine) Ed. L'Harmattan
Le changement du 07.11.1987
L'événement que les tunisiens attendaient depuis des années est survenu. Il s'est même réalisé d'une manière civilisée , jusque-là inaccoutumée dans la région. Effectivement, Ben Ali a eu recours à l'article 57 de la Constitution, qui transmet le pouvoir au Premier Ministre en cas d'incapacité durable du Président de la République. Aucune goutte de sang versée. Aucune représaille à l'encontre des membres de l'ancien régime. Au contraire, tous les honneurs sont rendus au leader Habib Bourguiba et aux hommes dévoués à la Tunisie. C'est un changement net et propre, qui ne laisse aucune plaie ni rancoeur ; un acte de construction n'impliquant pas de destruction , une addition n'entraînant pas de soustraction.
Ben Ali a toujours été remarqué par son sens de la discipline, son efficacité et sa discrétion.
Sa déclaration du 7 novembre 1987 exprime ce que l'écrasante majorité des Tunisiens ressentait. Tous avaient du respect pour Habib Bourguiba en qui ils reconnaissaient l'un des leaders de la libération du pays , lui gardant leur gratitude pour les services inestimables rendus à la Tunisie. Toutefois, son âge avancé, conjugué aux maladies contre lesquelles il luttait depuis la fin des années 70, avaient laissé la voie libre aux intrigues. Ayant cessé d'être l'homme de la situation, il aurait dû se retirer. Or, en se faisant proclamer président à vie, en 1974, il a transformé la lutte pour le pouvoir en une lutte pour la succession, mettant à l'agonie l'ensemble du système.
Sadok CHAABANE (Ben Ali et la voie pluraliste en tunisie) Ed. cérès
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